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30/09/2009

Magnus – Sylvie Germain (2005)

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Magnus.gif« Il sourit, d'un air las, amer, car lui aussi, lui plus que quiconque, aimerait savoir qui il est exactement. Pour l'heure, il sait seulement qui il n'est pas, qui il n'aura jamais été et ne croira plus jamais être : le fils des Dunkeltal. Une délivrance. Mais il se sent un défroqué – de son nom d'emprunt, de sa fausse filiation –, avec pour toute identité de remplacement, le nom d'un ours en peluche. Un nom que, faute de mieux, comme dans le passé, il se réapproprie.
Magnus. Alias Magnus. Sous ce vocable fantaisiste, il décide d'entrer enfin dans l'âge d'homme. »

Ce roman est l'histoire d'une quête identitaire, celle du personnage principal, que nous allons appeler Magnus. Magnus a grandi en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, mais de sa petite enfance, avant ses 5 ans, il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est totalement vide. Il ne lui reste de cette période que son ours en peluche qui porte autour du cou un mouchoir brodé à son nom en lettres bariolées : Magnus. Découvrir la suite...Enregistrer

10/06/2009

Pour mon plaisir et ma délectation charnelle – Pierre Combescot (2009)

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Pour mon plaisir.gif« Gilles de Montmorency-Laval, comte de Brienne, baron de Rais, maréchal de France, se tient debout dans le tombereau qui le conduit au supplice en cette matinée du mercredi 26 octobre 1440. Il assume crânement son destin. De la foule qui l'accompagne en procession montent des chants et des prières. Nul cri de haine mais une compassion générale. Chacun prie pour l'âme du maréchal. L'admirable vertu de la mort commence à opérer. « Pardonnez-lui, Seigneur, frappez- nous plutôt ! » Ce fut un tueur d'enfants, un pédéraste, un sodomite, une bête enragée ; il eut de grands vices mais n'en appartient que davantage à notre pauvre humanité. »

Ce petit livre contient en quelques pages l'horreur indicible d'un personnage à l'ambiguïté fascinante : guerrier aussi valeureux que furieux, fidèle compagnon d'armes de Jeanne d'Arc (qu'il révérait), adepte de la magie noire mais fervent chrétien, mélomane, cultivé, immensément riche et prodigue jusqu'à sa démesure, et tueur d'enfants. Gilles de Rais ! Aux juges qui l'interrogèrent sur le pourquoi de ses crimes, il répondit « pour mon plaisir et ma délectation charnelle ».

Pour qui n'est pas spécialiste de la période (début XVe siècle), la première partie du livre est assez ardue, malgré l'extrême rigueur de l'auteur dans sa chronique : un foisonnement de personnages à la parenté incertaine se croisent, s'allient, complotent, se trahissent, s'entretuent dans le tumulte de la guerre de Cent Ans, pendant que la peste et la famine déciment la population. Le tout, condensé en quelques pages, est difficile à appréhender.

La seconde partie, centrée sur Gilles de Rais, est plus intéressante, plus horrible aussi. Toutefois, dans ce récit, il n'y a nulle esthétisation du mal. Les débordements de l'histoire et de la chair sont décrits avec sobriété. Pierre Combescot livre un récit précis et pondéré, qui évite l’écueil de l'outrance "gore", mais qui est aussi un peu plat, sans verve, et qui ne rend pas compte à sa juste mesure de la truculence horrifique de son personnage.

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Pierre Combescot, Pour mon plaisir et ma délectation charnelle, éd. Grasset, 2009, 188 pages, 13,90 €.

L'avis de Ys.

09/02/2009

L'ombre de Montfort 1218-2001 – Patricia Parry (2005)

5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif 5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif Genre : thriller ésotérique

Lombre de Montfort.gif25 juin 1218 : lors du siège de Toulouse, Simon de Montfort, chef de la croisade contre les Cathares, est tué d'un bloc de pierre lancé des remparts.
21 septembre 2001 : aux portes de la ville rose, l'explosion de l'usine AZF provoque la mort d'une trentaine de personnes et fait plusieurs centaines de blessés.
Journaliste dans un grand hebdo parisien, Vincent Nadal cherche à rencontrer le médiatique docteur François de Montréjouls, des "Médecins de la Terre", qui serait impliqué dans la catastrophe. Mais ce dernier a disparu depuis quelques jours, laissant sa femme Béatrice sans nouvelles. A la recherche de François, Vincent et Béatrice sont entraînés dans une quête à travers le monde : de Toulouse à New York, de Venise à Istanbul, et jusqu'aux portes du Moyen-Orient. Dans l'atmosphère de tension post-11 septembre, ils se confrontent à une énigme vieille de plusieurs siècles que connaissaient déjà les ancêtres de François, qui se croisèrent en Palestine, au XIIe siècle et affrontèrent Simon de Montfort sous les murs de Toulouse...

L'ombre de Montfort se lit avec une belle facilité. La narration est maîtrisée, le récit bien construit. Il passe d'une époque à l'autre, du temps des croisades à nos jours, les événements du passé éclairant les événements présents, et cette architecture façon puzzle se déploie sans perdre le lecteur, jusqu'au final qui bien sûr donne alors la pleine compréhension de l'intrigue. On apprend aussi au passage quelques petites choses sur les cathares et les croisades (ceci dit, il ne s'agit pas d'un roman historique, et l'ésotérisme prend le pas sur le véridique). Quant à l'héroïne, Béatrice, femme forte et impétueuse, petite-bourgeoise ne se déchaussant jamais de ses Gucci, elle est attachante dans ses travers presqu'autant que dans ses qualités. En effet le style piquant n'hésite pas à égratigner les personnages principaux par de petites touches d'humour, comme autant de marques de distanciation montrant que finalement l'auteur ne prend pas non plus son récit trop au sérieux : « Vincent pousse un soupir, dans la meilleure tradition du roman pour jeune fille. Il ouvre un œil et s'apprête probablement à dire "Où suis-je ?" ».

Au final, une histoire plaisante et distrayante.

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Patricia Parry, L'ombre de Montfort, éd. Empreinte, coll. Lettres du Sud, 2005, 283 pages, 19,5 €.

Les avis d'Etoilesdesneiges et de YueYin.

Le blog de Patricia Parry

21/01/2009

Le Roi-Soleil se lève aussi – Philippe Beaussant (2000)

Genre : 24 heures dans la peau de Louis XIV

Le Roi Soleil se lève aussi.gif« Qui êtes-vous quand votre père vous demande : "Comment vous nommez-vous ?" et que vous répondez à l'âge de quatre ans : "Je m'appelle Louis Quatorze" ? Et qu'en outre le père réplique : "Pas encore, mon fils, pas encore." »

Le propos de ce livre est donc de déceler l'homme sous la couronne. Vaste entreprise si l'on songe qu'en ce Grand Siècle (le XVIIe) l'individu est indissociable de sa fonction et de son rang social ! Alors, pour comprendre la vie du plus grand des rois, Philippe Beaussant nous invite à le suivre heure par heure sur une journée. On voit sa nourrice pénétrer, toujours la première, avant le Lever, dans sa chambre d'apparat : « Elle allait le baiser dans son lit » (dixit Saint Simon). Pendant la journée, on se régale des mille détails du cérémonial protocolaire, le Roi s'offrant en permanence, à table, à cheval, sur sa chaise percée, à l'admiration de ses sujets. La représentation théâtrale est son quotidien et se joue sans relâche, et le défilé des figurants, où chacun connaît son rôle à la perfection, est continu.

Tout, dans cette analyse de l'air du temps royal, dans l'étude du caractère du monarque, passionne, instruit et distrait. Car non seulement Philippe Beaussant apporte un soin évident à l'exactitude des faits rapportés, mais il le fait avec humour et élégance. Tout est expliqué, remis en contexte, disséqué, exploré, chaque micro-événement de la journée du roi étant prétexte à d'autres rappels sur le roi et son règne. Et le moindre détail nous dévoile la réalité d'un monde dont on ignore finalement beaucoup, la plume alerte de Philippe Beaussant remettant en place pas mal d'idées reçues :

« Ainsi va l'Histoire. C'est une bâtisse édifiée à l'aide de blocs d'images toutes faites que nous nous transmettons, souvent (mais pas toujours) sans penser à mal, mais sans davantage nous demander si elles sont vraies ou si ce sont, elles aussi, des postiches. Et quand bien même nous le saurions, l'image que nous savons inexacte reste parfois plus forte que la vérité que nous n'ignorons pas. "L'Etat, c'est moi", il ne l'a pas dit. "Après moi le déluge", Louis XV non plus. "La Garde meurt mais ne se rend pas", même pas Cambronne. Mais c'est plus fort que si c'était vrai. L'Histoire est toujours à la ressemblance de ce que nous voulons qu'elle soit. »

A la fois micro-biographie ramenée à l'échelle d'une seule journée, précis d'histoire et roman, ce livre se lit avec délectation : la plume est légère et fine, le discours limpide et le sujet passionnant !

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e%2040.gif Philippe Beaussant, Le Roi-Soleil se lève aussi, éd. Gallimard, 2000, 212 pages, 13,42 €.

06/12/2008

L'arrière-saison – Philippe Besson (2002)

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« Donc, au début, elle sourit.
C'est un sourire discret, presque imperceptible, de ceux qui se forment sur le visage parfois, sans qu'on le décide, qui surgissent sans qu'on le commande, qui ne semblent reliés à rien en particulier, qu'on ne saurait pas forcément expliquer.
Voilà : c'est un sourire de presque rien, qui pourrait être le signal du bonheur. »

Donc, au début, elle sourit Louise. En robe rouge, belle, sûre d'elle, elle attend Norman, son amant, dans un café où elle a ses habitudes. Elle attend en échangeant quelques mots avec Ben, l'ami barman. Mais quand la clochette de la porte grelotte, ce n'est pas Norman qui entre, mais Stephen, l'homme qui l'a quitté pour une autre voici 5 ans de cela... Retrouvailles non préméditées bien délicates...

Hopper - Nighthawks.gifPhilippe Besson a pris pour point de départ à son histoire un tableau d'Edward Hopper, Nighthawks (Les Rôdeurs de la nuit, 1942). Découvrir la suite...